VI – Amsterdam, partie I – 30&31 août 2017

VI – Amsterdam, partie I – 30&31 août 2017

Une conversation avec Thomas quelques mois plus tôt nous avait poussés à envisager l’idée de partir deux ou trois jours à Amsterdam afin que je puisse à mon tour goûter à un Space-Cake. Fraîchement revenue du Japon, sachant que mon entrée dans la vie active était imminente et que ma liberté s’en retrouverait grandement restreinte, je commençais à réaliser qu’il s’agissait du moment idéal pour entreprendre un tel voyage.

Je n’accordais depuis longtemps déjà plus aucun crédit aux allégations de Mario et me savais parfaitement en sécurité aux côtés de Thomas, mais, malgré cela, je rechignais un peu à partir seule avec lui. Même si nos discussions avaient été de plus en plus longues et nourries au fil de nos rencontres, je craignais qu’après de longues heures passées côte à côte dans la voiture, la conversation finisse par se tarir et qu’il regrette finalement de m’avoir choisie comme unique compagnon de voyage. D’autre part, n’ayant jamais fait l’expérience d’aucune drogue excepté l’alcool, je n’avais pas la moindre idée de ce à quoi je devais m’attendre. Peut-être allais-je devenir agressive, vouloir mettre le feu à la maison ou me jeter d’un escalier : la présence d’une troisième personne me paraissait être une précaution raisonnable.

Après quelques pourparlers avec Océane, celle-ci accepta de nous accompagner. Je réservai l’Airbnb le plus propre que je puisse trouver, afin qu’elle se sente à l’aise : c’était une maison spacieuse et lumineuse, avec deux chambres et un grand salon aux environs d’Utrecht, au Sud d’Amsterdam. Le jour venu, je rejoignis Thomas et sa compagne et nous partîmes en fin d’après-midi, avec quelques provisions. Nous discutâmes tous les trois tout au long du chemin, profitant de l’occasion pour déverser notre bile sur Mario et raconter à Océane diverses anecdotes affolantes le concernant. Une fois arrivés, épuisés par notre long trajet et l’horaire tardif, nous nous couchâmes rapidement.

Nous profitâmes du lendemain pour visiter la capitale, flânant le long des canaux malgré le temps frais et pluvieux qui s’était soudain installé sur le pays et qui sonnait déjà le glas de l’été en cette dernière journée du mois d’août. Nous fîmes le tour de quelques ruelles branchées, grapillâmes, affamés, de petits morceaux de gouda offerts en dégustation dans un magasin qui vendait des fromages de toutes les couleurs, puis nous nous mîmes en quête de notre space-cake.

Thomas connaissait, depuis sa précédente venue dans cette ville, un assez bon coffee shop, où nous nous rendîmes d’abord. Les abords de l’échoppe empestaient le cannabis et l’air était saturé de fumée. Nous pûmes y acheter deux fines tranches de gâteau et poser nos questions au serveur. Puis, nous fîmes une petite virée dans plusieurs enseignes : un magasin de souvenirs, qui vendait des space-cookies pouvant se conserver longtemps, un second coffee-shop, et enfin, une boutique phosphorescente et psychédélique dans laquelle la très sympathique vendeuse, qui ne devait pas parler moins de quatre langues, nous conseilla pendant plus d’une heure au sujet des champignons hallucinogènes. Nous lui achetâmes deux petites boîtes de ces denrées que nous décidâmes de congeler pour plus tard. La visite se solda par une traversée du quartier rouge où nous jetâmes un œil aux prostituées qui s’exhibaient derrière leurs vitres. Thomas loua le physique de quelques-unes d’entre elles, précisant toutefois qu’il ne voudrait pas payer pour du sexe car cela aurait faussé ses comptes – sa maniaquerie le poussait à garder sur son disque dur un dossier contenant date de naissance et photos de chacune de ses conquêtes, et l’absence de ces données, en plus de la sensation de triche engendrée par le fait de payer, aurait créé une irrégularité trop désagréable à ses yeux.

Une fois rentrés, nous nous réunîmes autour d’une table. Je me versai un mug de thé et nous dégustâmes enfin notre précieux butin. Chacun eut droit à une demi part, plus le tiers de la demi-part restante. Le gâteau en lui-même était excellent, et je regrettai de ne pas en avoir davantage à ma disposition. Cependant, étant donnée la suite des événements, cette situation était finalement une bonne chose.

 

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