[Japon] Lundi 17 juillet 2017
J12.
Aujourd’hui, nous avons laissé au placard nos vielles frusques de voyageurs pour revêtir des yukatas, tenues d’été traditionnelles.
Au Japon, il n’est pas rare de croiser des habitants en kimono dans les rues, surtout en cette période de festivals. En tant qu’occidentale, je craignais un peu de les imiter, ne voulant pas paraître déguisée ou être accusée de faire de l’appropriation culturelle, mais il semblerait que les japonais ne perçoivent pas les choses d’un si mauvais œil que ça.
Une toute petite dame à l’air sévère m’a donc habillée ce matin. Devant la multiplication des couches (une sous-robe en coton, cinq ou six ceintures souples et rigides, le Yukata lui-même, plusieurs petits chiffons pliés et insérés je ne sais où), j’ai compris que j’allais souffrir. La température avoisinait les trente-cinq degrés et, saison des pluies oblige, l’air est très humide, ce qui rend la chaleur encore plus insupportable. Mon Obi, ce gros ruban rose noué autour de la taille, m’empêchait de respirer à ma guise et l’étroitesse de la partie inférieure du vêtement me contraignait à n’avancer que par tout petits pas. Pour couronner le tout, les employées m’ont empêchée de récupérer mon grand sac à dos de baroudeuse et m’ont forcée à m’encombrer d’un sac à main à fleurs dans lequel j’ai eu à peine la place de glisser une bouteille d’eau. Mon compagnon de voyage, qui n’a jamais réussi à marcher avec des tongs de sa vie, n’a eu d’autre choix devant l’insistance des vendeuses que de chausser les geta en bois assorties à son costume et de quitter les lieux sans baskets de secours.
C’est avec tout ce harnachement que nous sommes partis pour le le sanctuaire de Fushimi inari, célèbre pour ses allées de Torii rouge vermillon. Notre passage dans les escaliers du métro a été particulièrement bruyant et résonnant, et V. a manqué plusieurs fois d’y perdre ses chaussures, mais il a semblé s’habituer à ce curieux accessoire au bout d’une heure ou deux. En ce qui me concerne, j’ai cru mourir de chaud sur l’escalier interminable qui menait au sommet de la montagne. Mes foulées réduites m’obligeaient à monter chaque marche en tout petits pas frénétiques pour ne pas bloquer le passage. Quand j’ai réalisé au bout de vingt minutes d’ascension que nous n’avions même pas effectué le cinquième du trajet, j’ai fait demi-tour et nous sommes allés rendre nos tenues trempés de sueur (mais nos fronts dégoulinants ne nous ont pas empêchés de recevoir une pluie de compliments et de demandes de selfies, ça fait toujours plaisir !).